Résumé : Les nouvelles d'Assef Soltanzadeh sont toutes des plongées dans l'indicible, l'inavouable, ou même l'inimaginable. Des personnages qui fuient leur destin sans jamais pouvoir lui échapper... Une vie suspendue à l'issue d'une partie de cartes où c'est la plus petite carte, le deux de trèfle. qui s'avère gagnante... Un homme, ne trouvant acheteur pour son plus précieux bien, ses enfants comme on le devine peu à peu, décide de leur offrir un festin royal avant de les empoisonner... Un homme dont la femme se vend pour survivre et qui vit bientôt dans un univers parallèle, et donc imaginaire, pour ne pas accepter la réalité... Le ton choisi par l'auteur, d'une retenue touchante et d'une grande pudeur, évite toujours l'écueil du pathos. Dans cette tentative d'être au plus près de l'indicible, l'auteur se sert d'une langue simple où chaque mot trouve sa juste place dans l'économie générale d'un récit qui, uniquement pour tenter une comparaison à l'intention du lecteur occidental, pourrait souvent s'apparenter au Champion du jeûne de Kafka. C'est tout aussi bien par tradition que parce que le roman est une idée trop neuve dans la littérature afghane qu'Assef Soltanzadeh, comme son compatriote Atiq Rahimi, (Terre et Cendres), choisit cette "petite forme", celle des récits, des petites nouvelles, plus apte à rendre compte d'un univers fragmenté et chaotique. Ces récits de la vie quotidienne afghane sont autant d'interrogations sur ce que peut devenir l'homme face au "terrible", à la déréliction et à la barbarie. C'est ici qu'une telle littérature rejoint l'universel.